Cholangite biliaire primitive
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Cholangite biliaire primitive

La cholangite biliaire primitive (CBP) est une maladie auto-immune chronique des petits canaux biliaires. Les processus inflammatoires entraînent la destruction des canaux biliaires intrahépatiques et peuvent aller jusqu'à la cirrhose du foie.

Définition

La cholangite biliaire primitive, ou CBP, désigne une maladie auto-immune progressive chronique des petits canaux biliaires. Elle se caractérise par une inflammation des petits canaux biliaires dans le foie. Cette inflammation est déclenchée par des cellules immunitaires qui attaquent des structures de l'organisme. Comme la maladie s'accompagne, à un stade avancé, d'une accumulation de bile (cholestase) dans les petits canaux biliaires, elle est classée parmi les maladies hépatiques cholestatiques.

L'inflammation chronique provoque une destruction progressive des petits canaux biliaires et affecte également le tissu hépatique environnant au fur et à mesure de son évolution. En l'absence de traitement, des processus de remodelage du tissu hépatique menacent de conduire au développement d'une fibrose hépatique (remplacement progressif du tissu hépatique par du tissu conjonctif) et finalement, avec la progression de la transformation fibrotique (formation de tissu cicatriciel), à une cirrhose du foie. Pour cette raison, cette maladie hépatique cholestatique était autrefois aussi appelée cirrhose biliaire primitive. Cette maladie chronique du foie peut évoluer vers un cancer du foie et nécessiter une transplantation hépatique.

Selon les connaissances actuelles, la CBP est due à une interaction entre des facteurs génétiques et environnementaux. Ainsi, les personnes dont un apparenté au premier degré est atteint de CBP ont une probabilité plus élevée de développer également la maladie. Le risque est également augmenté chez les fumeuses et fumeurs.

La CBP touche principalement les femmes, environ 90% des personnes atteintes étant de sexe féminin. La CBP survient généralement entre l'âge de 40 et 60 ans.

La CBP fait partie des maladies rares. Des chiffres précis sur la fréquence de la maladie ne sont pas connus pour la Suisse. La fréquence de la maladie montre toutefois une tendance à la hausse. Une augmentation des nouveaux cas de CBP (incidence) a en effet été observée ces dernières années, surtout en Europe et aux États-Unis. La raison de ce phénomène n'est pas connue.

La CBP est très souvent associée à d'autres maladies, en particulier à des maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde ou à une maladie auto-immune de la thyroïde comme la thyroïdite de Hashimoto.

Les symptômes de la CBP sont souvent dominés par des démangeaisons (prurit) pénibles. Les bras, les jambes et le dos sont les principales zones touchées. Les patientes et patients font en outre le plus souvent état d'une fatigue inexpliquée pouvant aller jusqu'au syndrome d'épuisement et d'une nette diminution des performances. De plus, les personnes touchées souffrent souvent d'une sensation de pression dans la partie supérieure droite de l'abdomen et de douleurs articulaires. En outre, la sécheresse des muqueuses, qui s'accompagne souvent d'une diminution de la production de larmes et de salive responsable d'une sensation de sécheresse des yeux et de la bouche, est vécue comme éprouvante. Ces troubles sont regroupés sous le terme de syndrome sec.

Par ailleurs, des dépôts graisseux sous-cutanés gris jaunâtre (xanthélasma) dans les angles internes des yeux sont un symptôme typique de la CBP.

À un stade avancé de la maladie, des symptômes de cirrhose du foie peuvent s'ajouter. Il s'agit par exemple d'altérations spécifiques de la peau (entre autres angiome stellaire, érythème palmaire), d'une coloration jaune de la peau, des muqueuses et des yeux (jaunisse, ictère), d'une accumulation d'eau dans la région abdominale (ascite), de saignements de varices de l'œsophage (varices œsophagiennes) et de l'estomac (varices fundiques) ou de troubles neurologiques dus à ce que l'on appelle l'encéphalopathie hépatique, un dysfonctionnement du cerveau consécutif à une maladie hépatique grave.

Diagnostic

Souvent, ce sont surtout des valeurs hépatiques élevées qui suggèrent la présence d'une CBP. Les enzymes qui témoignent de processus inflammatoires dans les canaux biliaires et d'une congestion biliaire (paramètres de cholestase) sont particulièrement élevées. De telles anomalies doivent donc impérativement faire l'objet d'une évaluation diagnostique afin d'en déterminer les causes.

En cas de suspicion de CBP, le médecin interroge la patiente/le patient sur ses symptômes actuels et ses antécédents médicaux (anamnèse) afin de clarifier le diagnostic. Ce faisant, il prête une attention particulière aux symptômes typiques de la CBP et cherche à savoir quand ils sont apparus pour la première fois. Il pose également des questions sur les facteurs de risque de développement d'une maladie du foie, comme la prise de médicaments (y compris les médicaments de la médecine naturelle) et la consommation d'alcool.

Le médecin s'efforce en outre d'identifier les troubles qui peuvent éventuellement indiquer une cirrhose du foie déjà installée. Il demande par exemple si le tour de taille et le poids corporel ont augmenté.

L'anamnèse est généralement suivie d'un examen physique approfondi. Celui-ci comprend entre autres la recherche de signes cutanés d'une maladie hépatique, de xanthélasma ou de traces de grattage.

En cas de suspicion de CBP, le médecin prescrit une analyse sanguine. Les résultats de laboratoire constituent une base essentielle pour le diagnostic de la CBP. La maladie s'accompagne d'une augmentation des paramètres dits de cholestase. Dans le rapport de laboratoire, il s'agit des valeurs de phosphatase alcaline (PA), de γ-glutamyltranspeptidase (γ-GT) et éventuellement de bilirubine totale.

Dans le cadre du diagnostic de la CBP, le sang est également analysé à la recherche de certaines protéines. Il s'agit de certains auto-anticorps, comme les anticorps anti-mitochondries (AMA), présents chez plus de 90% des patientes et patients atteints de CBP. Les AMA sont des anticorps circulant dans le sang, qui sont dirigés contre certains composants protéiques des producteurs d'énergie dans les cellules (mitochondries). Ils ne sont pas la cause de la CBP, mais leur présence, associée à des taux élevés de PA et de γ-GT, suggère une CBP. La détection de ces auto-anticorps est pratiquement la preuve de la présence d'une CBP. En outre, les immunoglobulines de classe M (IgM) sont souvent élevées en cas de CBP.

Outre les analyses de laboratoire, les examens d'imagerie jouent un rôle essentiel dans le diagnostic de la CBP. Les patientes et patients sont généralement examinés au moyen de l'échographie. Le médecin peut ainsi vérifier si une fibrose ou une cirrhose du foie s'est déjà développée. Au stade initial de la CBP, aucune anomalie n'est encore observée au niveau du foie. Une maladie avancée s'accompagne toutefois de processus de remodelage du tissu hépatique, qui peuvent être mis en évidence par échographie. L'échographie est simple à réaliser, sûre et n'entraîne pas d'exposition aux radiations. Elle est également très utile pour exclure d'autres causes de congestion biliaire, comme par exemple des calculs biliaires, une tumeur ou un rétrécissement des voies biliaires.

Le médecin obtient des informations encore plus détaillées lors d'un examen appelé élastographie transitoire. Celle-ci consiste à analyser la proportion de tissu conjonctif dans le foie et la rigidité des tissus afin de déterminer la progression de la fibrose.

Si le diagnostic d'une éventuelle CBP reste incertain, un échantillon de tissu du foie est généralement prélevé (biopsie) et examiné au microscope. Il est ainsi possible de vérifier si les petits canaux biliaires sont endommagés.

La biopsie du foie permet au demeurant de déterminer s'il existe un éventuel chevauchement avec une autre maladie du foie, telle qu'une hépatite auto-immune.

Traitement

La CBP est généralement traitée avec de l'acide ursodésoxycholique, en abrégé AUDC. Il s'agit d'un acide biliaire endogène qui n'est normalement présent qu'en faible concentration chez l'homme. La prise de ce principe actif favorise l'écoulement de la bile, inhibe l'inflammation et interrompt la formation de tissu conjonctif (fibrose). La progression de la maladie et le développement d'une cirrhose du foie peuvent ainsi être évités dans la majorité des cas. L'AUDC est en général très bien toléré. Il doit être pris à vie et peut influencer positivement le pronostic des patientes et patients de telle sorte que ceux qui présentent une bonne réponse biochimique (c'est-à-dire une nette amélioration des valeurs de laboratoire) atteignent une espérance de vie normale. L'effet protecteur est particulièrement prononcé lorsque le traitement médicamenteux de la CBP est initié tôt dans l'évolution de la maladie. La réponse au traitement par AUDC doit être contrôlée au plus tard après 12 mois au moyen d'une analyse de laboratoire.

Chez les patientes et patients qui ne répondent pas suffisamment à l'AUDC, on a recours à des médicaments contenant de l'acide obéticholique, un acide biliaire synthétique qui stimule également le flux biliaire.

Les autres médicaments utilisés dans le traitement de la CBP visent à soulager les symptômes. Des médicaments sont souvent prescrits pour calmer les démangeaisons. En outre, l'utilisation de substituts lacrymaux peut améliorer les symptômes de la sécheresse oculaire.

Sans traitement médicamenteux, le foie peut être endommagé par la maladie au point de nécessiter une transplantation hépatique.

Un mode de vie actif, comprenant une activité physique régulière et des exercices de relaxation, peut avoir un effet positif sur le bien-être général et améliorer la fatigue des personnes concernées. Dans ce contexte, une alimentation variée et équilibrée ainsi qu'un sommeil suffisant peuvent également être bénéfiques.

Évolution et pronostic

L'évolution de la CBP dépend de l'âge et du sexe de la patiente ou du patient, du stade de la maladie hépatique chronique au moment du diagnostic et de la réponse au traitement. Si la CBP est diagnostiquée tôt et traitée de manière conséquente et avec succès, les patientes et patients atteints de CBP ont une espérance de vie normale. En revanche, si la maladie n'est pas traitée, le risque est grand que le foie soit de plus en plus endommagé et qu'une cirrhose se développe. Une transplantation hépatique est alors souvent nécessaire. Si la patiente ou le patient reçoit un nouveau foie, cette maladie cholestatique du foie est théoriquement considérée comme guérie. Néanmoins, une CBP peut se développer à nouveau dans un foie transplanté, raison pour laquelle un traitement préventif par AUDC doit généralement être poursuivi après la transplantation.